Tu m’as pris la main…

Bien…. Il paraît qu'à présent, c'est à mon tour de me jeter à l'eau. Certains diront que c'est de circonstance… Pas de mauvaises blagues. Je commencerai par une simple présentation.    

Ma carte d'identité : 47 ans,  je suis née à Aubenas en Ardèche. Un département de soleil et de cigales. Deux enfants : une fille de 18 ans, Lucie et un garçon de 14 ans, César. Depuis quelques années, j'assure des missions d'intérim dans l'industrie.    
Je pourrais m'arrêter là car vous connaissez déjà l'essentiel. Mais peut-être êtes- vous curieux d'en savoir plus ?    
Je serai rapide sur le début. Une enfance heureuse avec des parents très aimants. Une scolarité sans difficulté, beaucoup de  sport, de la musique. Une éducation, une culture et une pratique de la religion catholique.  Cela nous amène jusqu'au Bac.    
Je pars à Lyon faire des études de médecine. Je réussis le concours d'entrée. Tout se passe bien jusqu'en 5ème année. Une dépression, un burn-out… ? Dans tous les cas je suis incapable d'aller plus loin dans mon parcours.    Imaginez mon désarroi et surtout la déception de mes parents. Se décevoir soi-même, c'est déjà beaucoup, mais décevoir les personnes que l'on aime le plus...surtout lorsqu'on ne comprend pas vraiment ce qui nous arrive…C'est un drame !    
Après cet échec, je n'ai fait que gérer une vie professionnelle chaotique. J'ai passé un diplôme de visite médicale et ensuite, j'ai travaillé comme commerciale dans différents laboratoires pharmaceutiques. J'ai présenté des médicaments à des médecins généralistes, des spécialistes, dans des cabinets en ville, dans les hôpitaux.  Pas de doute, mon salaire était sympa. J'avais de belles voitures de fonction. Je partais en séminaire à l'étranger…. Extra me direz- vous ? Oui, à un détail prêt, j'ai toujours détesté ce boulot !!!!!    

Puis je me suis mariée avec Pascal, l'homme de ma vie.  Deux enfants sont nés : Lucie  en décembre 1999  et puis César en septembre 2003. Deux magnifiques enfants, un grand bonheur pour leur père et pour moi.    

Sur le plan professionnel, j'ai arrêté la visite médicale, pris un congé parental et je suis devenue assistante maternelle afin de rester auprès de mes enfants durant leur petite enfance.    
Au fil du temps, mon couple se dégradait. L'enthousiasme n'était plus là. J’ai découvert l'intérim…    
En réalité, qu'importe le chaos de ma vie professionnelle,  à ce moment là, l'important n'était plus vraiment là.    
Le véritable coup de tonnerre qui a fini de briser ma vie a été la perte de l'amour de mon mari.  Mon mari était un homme charmant, d'une grande droiture, intelligent, tendre, attentionné et passionné d'équitation. Mais ce que je ne vous ai pas dit encore, c'est que je traînais depuis toujours au fond de moi un mal-être tenace, un vide au fond du cœur, une sorte de néant que jamais ni l'amour de mon mari, ni l'amour de mes enfants, n'a pu combler.  A ma grande honte, il m'est arrivé parfois de remplir ce vide en buvant quelques verres d'alcool. Cela était intolérable pour mon mari qui à l'opposé de moi, était totalement maître de ses émotions.  Malgré mes appels à l'aide et mes demandes de pardon, nous nous sommes séparés au bout de 20 ans de mariage.    

Les deux années qui suivirent cette séparation furent les plus noires de ma vie. Privée de l'amour de l'homme à qui j'avais donné ma vie, je dégringolais la pente du désespoir. Je vivais avec la sensation de plonger dans l'obscurité d'un puits sans fond. Je m'enfonçais chaque jour un peu plus. La solitude, la honte, le sentiment d'abandon, et puis le poids incommensurable de la culpabilité qui m'écrasait tous les jours un peu plus. Ceux qui ont goûté au désespoir me comprendront. A ce moment là, seul l'amour de mes enfants m'a permis de trouver la courage de continuer le combat. Dieu m'aimait-il aussi, mais ça je ne le savais pas encore !    

Il y  eut ce jour du 19 février 2017 où j'ai pénétré pour la 1ere fois dans l’Église Évangélique de Vitré. J'étais là parce que ma fille Lucie avait accompagné son ami de cœur, Andrei au Culte. Elle m'avait dit : « oui, tu sais maman, c'est sympa. Il y a de bons musiciens. Et puis Patrice, le Pasteur est intéressant, parfois drôle, même si je ne comprends pas toujours tout ».
J'étais curieuse d'entendre les « bons musiciens » et de faire la connaissance de Patrice, le papa d'Andréi. Je choisis de venir seule sans Lucie. J'hésitais longuement devant les portes à miroir. Qui avait-il derrière…  ? Je me suis dit pour me donner du courage, si quelqu'un entre dans les 5 minutes qui viennent, je le suis….Sinon tant pis... Une dame, Stéphanie est arrivée. Je l'ai suivi et je suis allée m’asseoir dans  un coin tout au fond me faisant la plus petite possible.    
Rassurez-vous, ce jour-là, il n'y eut ni flamme descendant du ciel, ni buisson enflammé, seulement dans mon cœur, un terrible "coup de foudre avec Jésus".  Jésus, j'ai rencontré personnellement le 19 février 2017.    
Ce dimanche là, le Pasteur commenta les premiers versets du chapitre 12 aux Hébreux. Je pensais en l'écoutant prêcher : « Cet homme a un accent vraiment très élégant. Lucie a raison, c'est un excellent orateur. Il  parle avec conviction. » Et puis, au bout d'un moment, tout s'est brouillé dans ma tête. Je pleurais, je n'arrêtais plus de pleurer. Pourvu que personne ne me regarde... J'étais incapable de m'arrêter ou de me contrôler. Et puis, j'ai entendu le Pasteur encourager chacun dans l'assemblée à déposer son « fardeau » au pied de la croix. Son fardeau, « mon fardeau », mon désespoir, ma honte, ma culpabilité, tout ce poids qui m'écrasait depuis tant d'années. Par sa  mort sur la croix, Jésus m'assurait le pardon. J'ai reçu ce jour-là Jésus dans ma vie à travers ces mots. Un premier pas vers la Vie !!!!!    
Mais, je sais aussi que j'ai été touchée par l'amour de Christ à travers l’accueil de son peuple à l’église. Cet accueil, c'était l'amour de Jésus à travers toutes ces personnes inconnues à ce moment là.    
A la fin du culte, j'avais séché mes larmes et je m'étais recomposée le visage de celle qui maîtrise parfaitement la situation. Certains dans l’église m'ont salué. Ils m'ont demandé ce que je pensais de ce premier contact avec le monde protestant. Moi, qui me sentais si seule depuis si longtemps. Des personnes que je ne connaissais pas me manifestaient une bienveillante attention.    
Comment vous expliquer à quel point ce jour-là, les sourires, les « bonjours » m'ont touchés. J'ai pour la première fois de ma vie ressenti ce qu'était concrètement l’Église de Christ. J'avais le sentiment d'être de retour chez moi. Tout est devenu d'une terrible évidence. Ce que je cherchais depuis toujours était là, vivant...C’était l'amour de Jésus et du Père. En entrant dans le local de l’Église, j’étais "la fille prodigue" qui rentrait enfin chez elle !    
Bien sûr, ce que je vous raconte là, je l'ai compris que quelques semaines plus tard. Notre compréhension est bien moins rapide que l’œuvre de Dieu en nous. Il travaille beaucoup plus vite que nos capacités cérébrales, beaucoup plus vite que nos neurones.    
Ce qui est certain, c'est que les semaines qui ont suivi, je suis revenue encore et encore. J'avais une faim terrible de Dieu, de sa Parole et d'être avec ceux qui aiment Jésus. Je ne connaissais pas encore le terme de communion fraternelle. Je suis très vite allée aux réunions de prières ainsi qu’aux études bibliques. Et à chaque fois, je vivais un bonheur immense. Je recevais la Parole de Dieu comme un baume guérissant mes blessures. J'ai demandé pardon à Jésus, je me suis pardonnée et depuis je suis en chemin avec Christ apprenant chaque jour la voie de la repentance, voulant chaque jour devenir de plus en plus vraie et fidèle à ses commandements. Depuis l'amour de Dieu déborde de mon cœur.... au point qu'il faut à tout prix que je puisse le répandre tout autour de moi sous peine d'étouffer. Des chrétiens de longue date m'ont dit que ce que je vivais, était une sorte de «  lune de miel, la lune de miel avec Jésus du jeune converti ». Que cette lune de miel puisse durer toujours!!!!     
Vous dire que ma vie est transformée est un doux euphémisme. Ma fille ne cesse de me dire à quel point elle est heureuse de me voir ainsi. Mon fils s'amuse de mes emplois du temps surchargés. Il s'étonne de tant de changements.
Peut-être vous demanderez-vous, pourquoi des emplois du temps surchargés.    
Et bien, quelques semaines après ma conversion, j'ai très vite ressenti la nécessité de servir, de m'engager, de rendre tout cet amour que je recevais en abondance. Je me souviens très bien avoir demandé au Pasteur : Comment puis-je savoir ce que Dieu attend de moi ? Vaste question, n'est-ce pas ? C'était la première fois que je me la posais. Comment connaître la volonté de Dieu ? Il m'a répondu, il faut prier pour cela. Alors, en bonne élève obéissante, j'ai prié afin que Dieu me dise comment je pouvais le servir….Je découvrais également avec le même émerveillement la puissance, la joie et la nécessité de la prière.    

Pendant 40 années j'ai tenté de remplir ce grand vide au fond de moi. Ce vide que seul Dieu pouvait combler. Que de temps perdu me direz-vous? Non ! Car encore fallait-il que je sois parfaitement prête à accueillir l'amour de Dieu. Ma vie professionnelle ratée, l'échec de mon mariage, toutes ces larmes versées, je ne les regrette pas. Au contraire, ces épreuves, somme toutes bien légères par rapport à celles que traversent d'autres personnes. Elles étaient nécessaires presque indispensables. Oui, ces épreuves ont brisé mes forces, ma fierté, mon orgueil. En me plongeant dans le désespoir, elles m'ont rendu parfaitement perméable à l'appel et à la Parole de  Dieu. En allant d'échec en échec, j'ai compris que rien n'était possible sans l'aide divine. Sans Dieu, je n'étais rien, je ne pouvais rien.
En me détruisant intérieurement, ses épreuves ont fait place nette afin que je puisse accueillir Jésus comme Seigneur et Sauveur avec une foi ardente et inconditionnelle.    

J'avais oublié que Dieu à travers son Fils m'aimait. Je sais maintenant que je suis aimée et pardonnée. Je suis vivante, heureuse et comblée.    
Aujourd'hui, je n'ai d'autre objectif que de consacrer ma vie à Jésus. Pour moi, l'adorer et le servir sont d'une grande évidence face à son sacrifice et face à l'amour parfait qu'Il nous donne. Je ne désire qu'une chose : m'engager à son service au sein de son Église afin de communiquer tout autour de moi la paix, la joie, l'amour dont Il me comble jour après jour.    

Voilà, c'est ainsi que s'achève mon histoire. Ce n'est pas « elle se maria et elle eut beaucoup d'enfants », mais plutôt « Elle Le rencontra, L'aima, Le glorifia et Le servit jusqu'à la fin de ces jours ». Non pas un conte de fée mais l’œuvre de la grâce de Dieu.